Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/26

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« gourgs d’enfer », évités par le paysan superstitieux, et pourtant ce qu’il trouvait d’infernal dans ces fontaines redoutées c’était seulement la sauvage majesté d’un site ou la glauque profondeur des eaux.

Désormais c’est à tous les hommes qui aiment à la fois la poésie et la science, à tous ceux aussi qui veulent travailler de concert au bonheur commun, qu’il appartient de lever le sort jeté sur les sources par le prêtre ignorant du moyen âge. Il est vrai que nous n’adorerons plus, comme nos ancêtres aryens, sémites ou ibères, l’eau qui jaillit en bouillonnant du sol ; pour la remercier de la vie et des richesses qu’elle dispense aux sociétés, nous ne lui bâtirons point de nymphées et ne lui verserons point de libations solennelles ; mais nous ferons plus en l’honneur de la source. Nous l’étudierons dans son flot, dans ses rides, dans le sable qu’elle roule et la terre qu’elle dissout ; malgré les ténèbres, nous en remonterons le cours souterrain jusqu’à la première goutte qui suinte