Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/270

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n’en doit pas moins trembler devant cette force brutale qu’il a domptée. Qu’il oublie seulement un instant de mettre son propre travail en harmonie parfaite avec celui de la formidable machine, que, sous l’impression d’un sentiment ou d’une pensée, il s’arrête dans ses va-et-vient rythmiques, et peut-être le puissant mécanisme, qui, lui, n’a ni regrets ni espérances pour le ralentir ou l’accélérer, va le saisir et le lancer broyé contre la muraille ; peut-être va-t-il l’entraîner par un pan de son vêtement, l’attirer dans ses engrenages et le réduire en une bouillie sanglante. Les roues tournent d’un mouvement toujours égal, qu’il s’agisse d’écraser un homme ou de tordre un fil à peine visible. De loin, quand on se promène sur les coteaux, on entend le sifflement terrible de la machine qui fait vibrer autour d’elle le sol et l’atmosphère.

Cette force disciplinée, et néanmoins redoutable, des roues et des bras de fer, n’est autre chose que la puissance transformée du