Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/277

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cent au-dessus des massifs de fleurs, de joyeux enfants courent dans les allées. La manufacture est toujours là ; plus que jamais, elle est devenue un grand laboratoire de richesses ; mais ces trésors ne se divisent plus en deux parts, dont l’une est attribuée à un seul et dont l’autre, celle des ouvriers, n’est plus qu’une pitance de misère ; ils appartiennent désormais à tous les travailleurs associés. Grâce à la science qui leur a fait mieux utiliser la puissance du courant et les autres forces de la nature, les ouvriers ne sont plus les esclaves haletants de la machine de fer ; après le travail de la journée, ils ont aussi le repos et les fêtes, les joies de la famille, les leçons de l’amphithéâtre, les émotions de la scène. Ils sont égaux et libres, ils sont leurs propres maîtres, ils se regardent tous en face, aucun d’eux n’a sur le front la flétrissure qu’imprime l’esclavage. Tel est le tableau que nous pouvons contempler d’avance en nous promenant le soir près du ruisseau chéri, quand le soleil couchant borde