Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/315

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qu’il offre dans son régime sont beaucoup moins saisissants. Plus grand, il nous étonne par le volume de ses eaux, par la force de son courant ; mais il reste uniforme et presque toujours semblable à lui même dans sa majestueuse allure. Plus pittoresque, le ruisseau disparaît et reparaît tour à tour : on le voit fuir sous les ombrages, s’étaler dans un bassin, puis encore plonger en cascade comme une gerbe de rayons pour s’engouffrer de nouveau dans un trou noir. Mais non-seulement le ruisseau est supérieur au fleuve par l’imprévu de sa marche, par la beauté de ses rivages, il l’est aussi par la fouge relative de ses eaux : proportionnellement à sa petite taille, il est autrement plus fort que la grande rivière des Amazones pour affouiller ses rives, modifier ses méandres, déposer des bancs de sable ou bâtir des îlots. C’est par ses agents les plus faibles que la nature révèle le mieux sa force. Vue au microscope, la gouttelette qui s’est formée sous la roche accomplit une œuvre géologique proportionnel-