Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/327

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pendant ses eaux, divisées à l’infini, se retrouveraient dans toutes les mers et sur tous les rivages, s’il était possible au regard de les suivre dans leur circuit immense.

Pour chaque goutte marine qui coula jadis dans le ruisseau, la durée du voyage diffère : l’une, à peine entrée dans l’océan, est saisie par les frondes d’une algue et sert à en gonfler les tissus ; l’autre est absorbée par un organisme animal ; une troisième, retenue prisonnière dans un cristal de sel, se dépose sur une plage sablonneuse ; une autre encore se change en vapeur et monte invisible dans l’espace. C’est là le chemin que prend tôt ou tard chaque molécule aqueuse ; libérée par son expansion soudaine, elle échappe aux liens qui la retenaient à la surface horizontale des mers et s’élève dans l’atmosphère, où elle voyage comme elle a voyagé dans l’océan, mais sous une autre forme. La vapeur d’eau pénètre ainsi toute la masse aérienne, même au-dessus des brûlants déserts, où sur des centaines de lieues