Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/44

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en sortit comme renouvelé ; sa peau, noire comme celle de ses frères avant de toucher l’eau de la fontaine, avait pris une couleur d’un blanc rosé, et des cheveux blonds brillaient sur ses épaules. Mais déjà le flot était à demi tari, le second frère ne put s’y baigner en entier ; toutefois il s’enfonça dans le sable humide, et sa peau se teignit d’une nuance dorée. À son tour le dernier venu plonge dans le bassin, mais il n’y reste plus une goutte d’eau. L’infortuné cherche vainement à boire, à s’humecter le corps ; seulement les plantes de ses pieds et les paumes de ses mains pressées contre le sable en exprimèrent un peu d’humidité, qui les blanchit légèrement.

Cette légende relative aux habitants des trois continents de l’Ancien Monde raconte peut-être sous une forme voilée quelles sont les véritables causes de la prospérité des races. Les nations de l’Europe sont devenues les plus morales, les plus intelligentes, les plus heureuses, non parce qu’elles portent en