Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/56

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ment les avantages du trafic, nous admirons les fleuves surtout en proportion du nombre de sacs ou de tonneaux qu’ils transportent dans l’année, et nous nous soucions médiocrement des cours d’eau secondaires qui les forment et des sources qui les alimentent. Parmi les millions d’hommes qui habitent les bords de chacun de nos grands cours d’eau de l’Europe occidentale, quelques milliers à peine daignent, dans une promenade ou dans un voyage, se détourner de quelques pas pour aller contempler l’une des sources principales du fleuve qui arrose leurs campagnes, met leurs usines en mouvement et porte leurs embarcations. Telle fontaine, admirable par la clarté de ses eaux et par le charme des paysages environnants est même complètement ignorée par les bourgeois de la ville voisine, qui, fidèles à la vogue, n’en vont pas moins chaque année, se saupoudrer sur les grandes routes des cités à la mode. Vivant d’une vie artificielle, ils ont perdu de vue la nature, ils ne savent pas