Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/73

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vec la plus grande peine : il faut entrer dans le lit du ruisseau et se tenir en équilibre sur les pierres gluantes, plus loin, la voûte s’abaisse par une courbe soudaine et ne laisse plus qu’un étroit passage dans lequel il faut se glisser en rampant ; on en sort souillé de boue, et l’on vient se heurter sur des rochers aux étroites corniches que l’on escalade en tremblant. Les salles aux voûtes immenses succèdent aux défilés, et les défilés aux salles ; les amas de blocs tombés du plafond se dressent en monticules au milieu de l’eau. Le ruisselet, toujours divers et changeant, bondit ici sur les roches ; ailleurs, il s’étend en une lagune tranquille, que trouble seulement la chute des gouttelettes tombées des fissures de la voûte. Plus haut il est caché sous une assise de pierre, on n’en entend plus même le bruit ; mais à un détour soudain, il se montre de nouveau, sautillant et rapide, jusqu’à ce qu’enfin, on arrive devant une ouverture étroite d’où l’eau s’échappe en cascade comme de la bouche d’un canon. C’est là