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l’homme et la terre. — inde

point d’équilibre naturel de l’ensemble des contrées connues aujourd’hui sous les noms de Siam, de Cambodge et d’Annam. C’était l’étape principale des missionnaires entre les cités gangétiques et l’archipel indonésien.

Les indigènes ont pleinement conscience de leur gloire antique et

Cl. Sclafer.

un tonkinois sur son buffle
se prétendent descendus de colons venus de l’Inde septentrionale. D’après une légende, que les Cambodgiens regardaient, avant l’arrivée des Européens à l’esprit plus scrutateur, comme étant l’expression de l’histoire
pure, un prince hindou, accompagné de « dix millions » de ses sujets, serait venu, il y a vingt-trois siècles, peupler le bassin du Tonle-sap. Le récit désigne même l’antique Indraspathi, la ville d’Indra,  

devenue la moderne Delhi, comme le lieu d’origine du fondateur de la puissance khmer : la famille régnante actuelle serait arrivée d’une autre cité sainte, Vàranàsi ou Benarès. Toutefois l’abandon de la foi bouddhique par les habitants du bassin de la Gangâ dut rompre de bonne heure les communications entre l’Inde septentrionale et le pays khmer, l’un des foyers les plus ardents de la religion nouvelle. Aussi des rapports suivis s’établirent-ils avec Ceylan, l’antique Lanka, autre citadelle de la vérité selon Çakya-Muni, de telle sorte que l’on crut longtemps que le bouddhisme indo-chinois résultait de la propagande des habitants de l’île merveilleuse.

De même que tout bon musulman est censé faire au moins une