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l’homme et la terre. — orient chinois

une autre guerre amena directement les Orientaux du Hoang-ho en contact avec les Grecs : l’empereur Wu-ti ayant voulu se procurer de ces fameux chevaux « niséens » que l’on disait descendus du ciel, et qui jetaient, prétendait-on, du feu par leurs naseaux, il s’ensuivit une guerre de conquête avec le Ta-Yuan, la « Grande Ionie » ou « Grande Grèce », — le Ferghana actuel— et, après quinze années de luttes qui coûtèrent la vie à trois cent mille hommes, l’empereur de Chine finit par obtenir dix de ces chevaux merveilleux, nobles coursiers turkomans, qui suaient en effet du sang, à cause des filaires presque imperceptibles, nichées dans les muqueuses de leurs naseaux. Enfin, Rome et la Chine auraient été en commerce direct à l’époque des Antonins, puisque les annales chinoises mentionnent un souverain étranger, Antun, comme ayant demandé l’amitié de l’empereur « Céleste ».

L’action de la civilisation chinoise devait se faire sentir dès les âges anciens sur toutes les contrées de l’Est et du Sud avec lesquelles des bras de mer ou des vallées fluviales rendent les communications faciles : la Corée, le Japon, Formose, Haïnan, le Tong-king et l’Annam reçurent certainement du Royaume Fleuri une part considérable de leur avoir intellectuel, quoique le silence se soit fait sur les origines lointaines.

La péninsule coréenne, à laquelle les Chinois ont donné le nom de Tchao-sien ou « Sérénité du matin », parce qu’elle se trouve en effet au « matin », à l’orient de l’empire, témoigne par cette appellation même de son état de dépendance naturelle relativement au Royaume du milieu. C’est de la Chine que les Coréens ont reçu la forme extérieure et le fond de leur civilisation, leurs sciences, leurs industries et leurs arts : il ne pouvait en être autrement, vu les contours et l’orientation de la contrée. Le rivage coréen baigne à l’ouest dans les eaux jaunâtres de la mer de Chine, et c’est précisément de ce côté que la Corée présente son versant d’accès facile et que s’ouvrent les plus larges baies, se déversent les cours d’eaux les plus abondants, arrosant les plaines fertiles et populeuses. Le développement total des côtes tournées vers la Chine, comme pour en recevoir les effluves, représente, avec les indentations, près d’un millier de kilomètres, tandis que du côté du nord et de l’est, le littoral abrupt, sans