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disparition des lettres et des sciences

Le recul immense de la pensée qui se produisit avec le triomphe du catholicisme barbare sur la civilisation gréco-latine se manifesta surtout par l’étrange distorsion de tout ce qui est histoire et géographie : les temps, les lieux, tout ne se voit plus qu’à travers un brouillard d’illusions et de confusion, même de mensonge et de perversité.

Cl. Alinari.

le mont cassin et san-germano


Ce que les astronomes et mathématiciens grecs avaient établi depuis Thalès et Pythagore, ce qu’Aristote semblait avoir définitivement mis en lumière, la rondeur de la terre, retombait dans le doute : saint Augustin, l’un des plus instruits pourtant parmi les pères de l’Église, n’osait pas absolument la nier[1], tandis que Lactance en bafoue l’idée comme ridicule. Quant au mouvement de la terre autour du soleil, qui avait été tout au moins soupçonné par les Chaldéens et les Alexandrins, il n’en est plus question. Le cosmos, l’ensemble harmonieux des astres se déroulant dans l’espace infini, était redevenu une cage de fer, un étroit firmament emprisonnant notre monde. Les

  1. Cité de Dieu, XVI, ch. ix, p. 556.