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l’homme et la terre. — mongols, turcs, tartares et chinois

médiaire et de les unir en un chemin liquide, très inégal en largeur et
Musée Guimet.Cl. Giraudon
baton de commandement en jade
en profondeur, mais partout suffisant pour le passage des bateaux de transport qui fournissent aux habitants des contrées septentrionales les vivres produits en abondance par les agriculteurs du midi. Ce chemin est le Yun-ho ou le « Grand canal», que l’on a cessé d’utiliser dans son entier depuis que la navigation a rendu les voies de la mer extérieure si peu coûteuses, mais qui n’en servit pas moins pendant un millier d’années, merveille de génie pratique, laborieusement entretenue par mille moyens ingénieux.

Ce fut également une belle œuvre d’initiative dans l’utilisation des ressources naturelles d’un pays que l’établissement du canal de navigation maritime l’on aménagea par le rattachement des rivières bout à bout dans la partie occidentale de la péninsule de Chan-lung, entre la baie de Kiao-tchou et le golfe de Pelchili. Ce canal, creusé vers 960, ne pouvait d’ailleurs servir au passage des jonques pendant toute l’année. Non pourvu d’écluses et n’ayant d’autres digues que des levées de protection pour les campagnes riveraines, il restait presque sans eau dans les temps de sécheresse, les jonques y pénétraient en venant du sud pendant la mousson méridionale, puis revenaient du nord avec la mousson contraire, sans avoir eu à doubler les promontoires dangereux du Chan-tung oriental. Le canal, qui ne sert plus aujourd’hui que pour l’égouttement des campagnes, souvent inondées par les grandes pluies, était désigné sous le nom technique de Yen-liang-lio, c’est-à-dire « Fleuve pour le transport des denrées venues de loin ». (A. Gaederiz.)

La construction de ponts « édifiés pour l’éternité » est aussi une spécialité du maçon chinois.

Le Romain a élevé des arches superbes qui vivent depuis près de 2 000 ans, mais celles du Chinois ne sont ni moins