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l’homme et la terre. — mongols, turcs, tartares et chinois

sceau de Kuyuk portait ces mots, souvent imités depuis : « Dieu dans le ciel et Kuyuk sur la terre. » (D’Ohsson.)

Au milieu du xiiie siècle, lorsque l’empire mongol atteignit sa plus grande extension, le pays qu’avaient foulé les sabots des chevaux tartares comprenait un espace démesuré pour ses propres maîtres, et que les connaissances actuelles permettent d’évaluer à vingt-huit millions de kilomètres carrés. C’est près de moitié en plus que ne possède de nos jours l’empire britannique avec ses immenses
écriture araméenne
Table à libation trouvée en Égypte.
dépendances dans tous les continents et toutes les mers, ou la Russie avec ses annexes sibérienne et turkestane. A la Mongolie et aux plaines interminables du nord sibérien s’étaient ajoutés, à l’est la Chine et une partie de la péninsule indo-chinoise, à l’ouest le Turkestan et la Slavie, tandis qu’au sud, Hulagu s’était emparé de Bagdad en 1258, avait inféodé les Turcs seldjoucides d’Asie Mineure et conquis l’Iranie jusqu’à l’Indus. Déjà Djenghis-khan mourant parlait à ses successeurs de l’immensité de son empire, si vaste que « pour se rendre du centre à l’une de ses extrémités, il ne fallait pas chevaucher moins d’une année ». Toutefois, à l’ouest, les conquêtes mongoles avaient été arrêtées par la mer, sauf dans le golfe d’Okhotzk, où les cavaliers attendaient l’hiver pour aller sur la glace attaquer les pêcheurs goldes et mandchoux. Les grandes expéditions navales de Kublaï-khan ne réussirent point dans leurs tentatives contre le Japon et contre Java.

L’unité politique de l’empire mongol dura pendant un demi-siècle environ, tant l’orgueil de la domination avait solidement uni les vainqueurs et tant l’effroi de la mort avait subjugué les vaincus. Aussi longtemps que le centre du pouvoir se maintint dans cette Terre des herbes d’où le mouvement s’était propagé, aussi longtemps le fonctionnement du prodigieux organisme se fit au profit de l’absolutisme unitaire. Déjà les chroniques chinoises du viiie siècle mentionnent un camp du haut