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l’homme et la terre. — découverte de la terre

légal des explorations maritimes, eut à connaître le nom de bien des émules. Un autre navigateur généralement considéré comme Génois, naturalisé Vénitien, puis Anglais, Giovanni Gabotto — plus connu sous le nom de Cabot —, avait obtenu du roi Henri VII, pour lui et sa famille, le droit exclusif d’aller, sous pavillon royal, à la découverte des terres, mers et golfes dans l’Ouest, l’Est ou le Nord et, s’il y avait lieu, d’y faire le commerce, à la seule condition de laisser au roi le cinquième de son profit. Peut-être connaissait-il les anciennes relations des Scandinaves avec les terres occidentales, car Bristol était à cette époque en rapports très étroits de trafic avec l’Islande : quoi qu’il en soit, il cingla franchement dans la direction même du Vinland et, en l’année 1497, plus d’un an avant que Colomb n’aperçût la « côte Ferme » d’Amérique, Jean et son fils Sébastien atteignaient, à travers les glaces flottantes, une « terre première » — terra primum visa —, où habitaient des Eskimaux vêtus de fourrures et où l’on rencontrait des ours blancs et des rennes. Une deuxième exploration, faite l’année suivante, amena Sébastien sous une latitude plus méridionale, vers les « îles des Morues » — peut-être Terre-Neuve —, puis le hardi marin, continuant sa course vers le sud à proximité des rivages, poussa jusque sous la latitude de Gibraltar, correspondant aux côtes de la Caroline du Nord. Là le manque de provisions le força au retour.

Acharné à son œuvre de découverte, Sébastien Cabot poursuivît ses explorations à son propre compte quand le roi d’Angleterre, personnage fort économe, ne voulut plus l’aider : reprenant méthodiquement son voyage où il avait dû l’interrompre, il se dirigea vers le sud et finît par rencontrer, paraît-il, des navigateurs espagnols dans les parages des Florides et des Antilles. La jonction s’était opérée dans les itinéraires des Colomb et des Cabot. Aussi Sébastien, changeant de projet, s’enrôla-t-il au service de l’Espagne. Mais déjà les contrebandiers et les pécheurs portugais, anglais, français prenaient part aux voyages du nord qui se dirigeaient vers l’ « Ile » ou vers la « Terre Neuve », ainsi que l’on désignait à cette époque toutes les côtes nouvellement découvertes de l’Amérique du Nord. Dans sa Vie de Sébastien Cabot, Biddle parle de marins portugais apportant en 1505 au roi d’Angleterre des « chats de la montagne » et des « perroquets » de Terre Neuve, preuve que ce nom s’étendait au midi pour le moins jusqu’au 35e degré de latitude. Il est certain que, dès cette époque, l’exportation régulière des bancs de morue