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venise, dominatrice de la mer

doxe grecque lui paraissait bien valoir l’Église catholique ; c’est au onzième siècle seulement que la suzeraineté officielle de l’empire d’Orient fut remplacée pour Venise par celle du saint empire romain germanique, non moins virtuelle.

Cl. J. Kuhn, édit.

église saint-marc, à venise, construite de 977 a 1071.


L’influence de la Rome orientale fut si forte à Venise que l’ « oligarchie républicaine » de l’Adriatique se modela de diverses manières sur la « monarchie despotique » du Bosphore. Le grec, langue du trafic en Orient, servait à nombre de Vénitiens comme le parler savant par excellence. Au neuvième et au dixième siècle, l’avènement d’un empereur ou d’un doge fournissait prétexte à l’envoi d’un représentant à Bysance : presque toujours l’envoyé était un fils de doge, et sa mission accroissait ses titres de succession à la magistrature exercée par son père. Pendant toute la période où le dogat sembla tendre à devenir héréditaire et où l’association d’un fils au pouvoir de son père devint assez fréquente, le voyage à Constantinople créait même une sorte de droit d’aînesse à celui qui avait été choisi[1]. Les choses ne

  1. J. Armingaud, Archives des Missions Scientifiques, 2e série, t. IV, p. 328.