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amérique précolombienne

Américains vaincus ont permis de reconstituer quelques traits de l’histoire précolombienne du Nouveau Monde. Il est aussi des indications qui ressortent des conditions géographiques du double continent : l’état de civilisation des indigènes devait correspondre aux
Cl. A. Quiroga.
vase cérémoniel des sioux pour implorer la pluie portant une croix peinte
On reconnaît aussi des têtes d’hommes et des femmes appartenant au peuple des Nuées, le front encerclé de gouttes de pluie, des insectes qu’on ne voit qu’en temps de pluie et probablement des éclairs.
avantages du milieu que leur présentait la nature et se trouvait écrit par avance à la surface du sol. Ainsi nulle nation, grande soit par le nombre, soit par le développement de l’intelligence, n’eût pu se développer dans les clairières de l’immense selve amazonienne, où les communications naturelles par terre à travers les marais, les fourrés de lianes et les vasières sont rendues presqu’impossibles, où l’on ne peut guère voyager que par eau, en des régions dont les produits nourrissent l’homme assez pauvrement, mais sans le solliciter au grand effort pour améliorer sa vie. Au nord-est et au sud de ces vastes étendues forestières, d’autres régions de plaines sont également peu favorables à la naissance et à la croissance de peuples prospères ; ce sont d’un côté les llanos, de l’autre les pampas, espaces interfluviaux manquant de l’humidité nécessaire et où la non-existence d’animaux domesticables bœuf, brebis, cheval ou chameau, ne permettait même pas la formation de tribus nomades comme celles des Arabes ou des Mongols. Plus au sud encore, les grands déserts de pierre du versant oriental de la Patagonie tenaient les rares habitants dispersés dans les territoires de chasse et, vers la