Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/511

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
479
mazarin et la fronde

d’abord à Brühl, près de Cologne, puis à Bouillon. En ce moment de l’histoire (1648), tous les mécontents, et ils étaient nombreux, croyaient que la minorité du roi Louis XIV, alors âgé de sept ans, sous la tutelle d’une femme et d’un prêtre, tous deux étrangers, fournissait une occasion unique pour amener un changement favorable à leurs
Cabinet des Estampes.
William Shakespeare
intérêts. Les personnages de la haute aristocratie dont Richelieu avait rabaissé l’orgueil et diminué les grands privilèges voulaient reconquérir ces prérogatives traditionnelles de grands feudataires indépendants ; les gens de robe, à leur tête les magistrats du Parlement, cherchaient à reprendre leur part d’action dans l’Etat que le maître avait graduellement centralisé à son profit : tous ceux qui voulaient à divers titres occuper une fonction honorifique ou rémunérée, se prononçaient contre l’intrusion de plus en plus active d’étrangers de toute espèce, d’italiens surtout, que la faveur de Mazarin comblait de bénéfices et de places : déjà le cri de « la France aux Français » ralliait les ambitieux du pouvoir en un grand parti. Enfin le peuple, amusé par le bruit, entraîné par le vague espoir d’une amélioration quelconque, se mêlait naïvement à cette agitation dont il ne devait point profiter et contribuait à lui donner ce caractère de « fronde » qui le dépeint dans l’histoire. En effet, le sérieux lui manqua, elle ne répondait point à un vouloir profond, nécessité par un changement d’équilibre dans la vie nationale : s’il avait été modifié, ce n’aurait