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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/527

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déplacement des industries

privant de sa classe la plus industrieuse. La persécution vint d’en haut, de ce monde dévot de la cour qui distille perfidement le poison de la calomnie. C’est du même monde que venait aussi l’intolérance haineuse contre ceux des catholiques auxquels on ne pouvait guère reprocher qu’un trop grand rigorisme dans l’observance de leur foi.
Cabinet des Estampes
galilée, 1564-1642
Les jansénistes étaient mal vus parce qu’ils étaient trop pieux et qu’on ne pouvait attendre d’eux les basses complaisances : ils ne laissaient point les beaux courtisans ni les dames élégantes déambuler à leur aise sur le « chemin de velours ».

Quant aux penseurs libres, leur prudence était justifiée quand ils cherchaient un asile dans les provinces de Hollande ou dans les cantons suisses. Pierre Bayle, dénoncé comme blasphémateur par les protestants eux-mêmes, eut à souffrir jusque dans son exil puisque l’enseignement lui fut interdit par la magistrature de Rotterdam. Descartes comprit aussi le danger de rester sous l’œil vigilant de Richelieu, réprobateur des théories de Copernic, et se garda bien de professer ou d’écrire en France. Toujours fuyant, en Allemagne, en Hollande, en Suède, il ne se hâtait point de publier les manuscrits où il traitait de sujets dangereux, notamment des questions qui avaient fait condamner par l’Inquisition Galilée, son grand prédécesseur dans les études physiques et mécaniques.

On sait que, plus d’un siècle après la découverte du Nouveau Monde, l’admirable astronome et penseur de l’Italie fut jugé deux fois par les