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l’homme et la terre. — le roi soleil

c’est-à-dire qu’il voulait en revenir à la pureté de la foi, au culte primitif des ancêtres, de même que Luther faisait retour à la parole de l’Evangile. À la fin de sa vie (1566), Chi-Tsung fit démolir tous les autels taoïstes de son palais, parce que l’intercession des prêtres n’avait pas réussi à lui procurer tel élixir d’immortalité[1] que Catherine de Médicis et tant d’autres personnages superstitieux de l’Occident
potiche chinoise représentant
la duchesse de bourgogne
cherchaient à la même époque et par des moyens analogues. Mais, en lutte avec elle-même, la Chine était d’autant moins forte pour résister à la pression des ennemis du dehors ; de même que l’Europe envahie par les Turcs, elle était périodiquement attaquée par les pirates japonais et par les nomades mongols. Les premiers s’emparèrent pour un temps de Ningpo, des iles Tchusan, de Changhaï, de Sutchou, d’Amoï et autres points de la côte du Fo’kien. Les seconds, commandés par Anta ou par son fils Sihlina, se ruaient chaque année dans les provinces septentrionales de la Chine pour en rapporter autant de butin qu’ils désiraient : il fallut à la fin acheter très chèrement la paix.

Puis ce fut le tour des Mandchou. Un chef de clan très audacieux et d’une haute intelligence, Nurchatchu, que la légende dit être descendu d’une vierge fécondée par la « pie divine »[2], ayant eu à se plaindre d’un manque de foi chez les représentants des Ming, résolut d’unir tous les Mandchoux en une seule nation pour les lancer contre l’Empire. Il prépara lentement mais sûrement sa vengeance et, en 1616, ayant enfin constitué ses forces d’attaque, il prit officiellement le nom d’empereur « par le décret du ciel » et fit choix, par l’emprunt de caractères mongols, de douze radicaux symboliques desquels devaient,

  1. J. Macgowan. A History of China, pp. 495-499.
  2. Même ouvrage, p. 105.