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l’homme et la terre. — le nouveau monde et l’océanie

se dégage le plus des liens de la nationalité. Quand on est mentalement du nombre de ceux, dont les acquisitions constituent le patrimoine de l’humanité, il importe peu de savoir quelle est la généalogie spéciale de tel ou tel continuateur de Platon ou de Lao-tse, de Newton ou de Laplace, de Lamarck ou de Darwin. Le fait est que les Américains, fils et frères des Européens, se sont associés à l’œuvre
hongroise arrivant aux états-unis
commune ; mais, ayant eu tout d’abord à s’occuper de l’aménagement de la terre nouvelle qu’ils avaient colonisée, ils ont dû s’intéresser beaucoup plus aux applications qu’aux recherches de la pensée pure. De même il doit y avoir un grand contraste à cet égard entre la région de la Nouvelle-Angleterre, qui ressemble à l’ancienne par la densité de la population, l’utilisation du sol, l’établissement d’une société bien assise, et les États occidentaux, encore en voie de formation, en plein travail de conquête sur la nature primitive. Les études se font là où le travail antérieur a créé le loisir nécessaire ; c’est là aussi que naissent les belles manifestations de l’art ; là que se tentent des nouvelles expériences sociales. Mais on se demande si ce n’est pas là également que la race montre des indices d’épuisement ; nulle part il n’y a plus de jeunes filles qui se refusent au mariage, plus de femmes qui évitent la maternité. La population se renouvelle heureusement par des immigrations continues : après les Anglais, sont venus les Irlandais, puis les Canadiens français qui ont déjà francisé le nord du