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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/181

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évolution des polynésiens

Il est vrai, tel peuple, comme celui des Vandales, a disparu sans laisser de
Cl. du Globus.
poutre du logis
Sculpture maori.
traces, mais, le plus souvent, les tribus aventurées en dehors de leur milieu, ou soumises à l’assaut de populations envahissantes mieux armées, ne sont pas détruites entièrement : elles s’accommodent peu à peu aux circonstances maîtresses, changent de nom, de religion, de mœurs et, par l’effet des croisements, se fondent de génération en génération dans la race même des exterminateurs. C’est ainsi que les Guanches des Canaries sont devenus des Espagnols et que les Peaux-Rouges du territoire indien deviennent des « Anglo-Saxons ». De même les Océaniens se changent graduellement en métis, en semi-Européens ; de nouvelles générations nous donneront des blancs aussi complets que nous le sommes nous-mêmes, Ibères, Ligures, Celtes, Germains et Slaves mélangés de Sémites.

La facilité, la fréquence des voyages qui placeront ces îles dans la proximité virtuelle du monde européen auront pour conséquence indirecte de modifier la race. Les îles du Pacifique tropical paraissent faites pour devenir des séjours de bonheur : ce sont des « paradis » autrement enchanteurs que les palmeraies, déjà fort belles, des bords de l’Euphrate et que les jardins de l’Arménie, dominés de loin par le double cône de l’Ararat. Certainement, l’admirable « voie lactée » que des îles par myriades ont formée dans la mer du Sud sera, dans un avenir assez rapproché, une succession de retraites délicieuses où viendront se délasser pour un temps, même se reposer pour la vie, ceux que fatigue l’âpre lutte industrielle de nos grandes cités. Là se succèdent à l’infini des « côtes d’azur », non moins propices au repos que la « corniche » de Menton et la « rivière » de Gênes. Déjà des Anglais de la Nouvelle-Zélande frètent des bateaux à vapeur pour aller par centaines visiter d’étape en étape les sites les plus curieux de