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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/313

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l’artiste et le paysan

dans le Brabant et dans les provinces voisines des individus massifs, au tronc énorme tout d’une venue, à la grosse tête enfoncée dans les épaules, aux membres grêles et patauds ; mais nulle part on ne voit des populations entières composées de ces êtres disgracieux, tous occupés en même temps aux basses fonctions de la vie dans l’ordure des carrefours et des arrière-cuisines. Il y a là parti pris évident de faire rire la bonne société et de satisfaire en même temps son aversion pour une race supposée inférieure : c’est ainsi qu’en Amérique, les nègres doivent être représentés sous forme de monstres grotesques à l’effroyable rictus[1].

Musée du Louvre.

françois boucher (1703-1770). la musette

Combien fausses également, mais dans un autre sens, furent les images du paysan telles que feignaient de les voir les peintres « amants de la nature » pendant le siècle qui précède la Révolution française ! Ces bergers enrubannés, vêtus de soieries, qui jouent de la flûte en faisant des grâces devant leurs bergères aux écharpes flottantes, étaient de singuliers représentants des rudes travailleurs qui bêchent le sol et le rendent

  1. Henry Vandevelde, Le Paysan en peinture.