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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/315

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l’artiste et le paysan

les éléments nécessaires pour la mise en culture du sol, la croissance et la maturation des plantes nourricières ne manqueront jamais à l’homme — car rien ne se perd dans la nature, il ne peut y avoir que modifications et déplacements — toutefois une imprévoyante gestion a pour conséquence de disperser les ressources indispensables à la terre et d’épuiser les champs pendant une longue
Musée de Bruxelles.
la glèbe, de constantin meunier
période. Il peut arriver qu’ici ou là le « fonds de roulement de la vie », transporté ailleurs, devienne insuffisant là où il abondait autrefois et que les pays les plus féconds se transforment en déserts. Telle serait, d’après nombre d’auteurs, la raison pour laquelle la Bactriane, la Mésopotamie et d’autres régions de l’Asie, ainsi les abords du Taklamakan, auraient perdu partiellement leurs habitants : la disparition du phosphore entraîné vers les mers ne permettrait plus aux céréales de se former, aux moissons de surgir et par conséquent aux hommes de vivre. Toutefois, ces affirmations paraissent exagérées, car, de nos jours encore les terres, cultivées il y a trois mille ans par les ancêtres des Turcs, les Aryens, les Elamites et les Akkad, produisent des récoltes en abondance, pourvu que l’eau pluviale s’y déverse en quantité. Les flots du Tarim, de l’Oxus, du Tigre et de l’Euphrate apportent en suffisance le phosphate et autres éléments de fécondité.

Comme pour les contrées de l’Asie centrale et de l’Asie antérieure, on a pu attribuer en grande partie la diminution de la richesse agricole