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Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/358

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l’homme et la terre. — l’industrie et le commerce

lution morale qui fera pencher la balance vers le monde des travailleurs.

En attendant, l’industrie et le socialisme rudimentaire se sont développés d’une même marche parallèle et, en quelque pays que ce soit, pays vieux ou pays neuf, l’industrie reste encore toujours comprise comme une lutte d’intérêts entre le capitaliste qui commandite le travail pour en retirer le plus gros bénéfice possible et l’ouvrier qui vient humblement offrir ses bras et demander un salaire en échange, au lieu d’une part dans les bénéfices du travail comme il semblerait naturel.

la mine, bas-relief de constantin meunier
Musée de Bruxelles.


De par le contrat même, les intérêts sont opposés : la guerre est donc fatale, constante, qu’elle soit à l’état dormant ou déclaré. Aussi le chef d’usine prend-il ses précautions contre ceux auxquels il commande et qui, tout en ayant fonction de collaborateurs, n’en sont pas moins des ennemis présumés : il nomme des contre-maîtres, des surveillants, des mouchards même ; il reçoit des rapports officiels et secrets. D’autre part, les ouvriers ont leurs « meneurs », leurs réunions, leurs mots de passe, et dressent leurs plans de résistance et de combat. Parfois, et dans ces dernières années d’une manière presque normale, à intervalles réguliers et prévus, la bataille éclate : à propos des salaires, que