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l’homme et la terre. — la religion et la science

tique, par exemple en Grande Bretagne et dans les colonies anglaises, sauf le Canada, il sait se conduire avec tact et abnégation ; ses membres sont choisis avec soin et leur valeur personnelle est bien supérieure à celle de leurs collègues protestants. Dans les grandes villes de l’Ecosse, seuls des prêtres catholiques n’hésitent pas à habiter dans les quartiers populeux, à vivre en pauvres au milieu des pauvres, et ne ménagent pas leur peine pour assister leurs ouailles toute
l’église de santa-cruz, vue de face
D’après le dessin de Lucien Biard (1860).
l’année durant ; aux ministres presbytériens, il faut, au contraire, le voisinage distingué, le confort hygiénique moderne, les bonnes vacances d’été ; bref, ces derniers appartiennent à une autre classe de la société. Même contraste dans les missions hindoues. Mais quand le clergé catholique peut parler en maître, son action est bien différente ; la hiérarchie dont il est l’esclave le conduit d’autant plus à rechercher la gloire et l’intérêt de l’Eglise. A cet égard rien ne peut arrêter sa passion d’acquérir le pouvoir et la fortune. Tout récemment les interventions européennes en Chine ont montré jusqu’à quel degré de cynisme avait été poussée l’ingérence des missionnaires catholiques dans les affaires intérieures de l’empire. En Indo-Chine, ils font encore plus de mal aux indigènes parce qu’ils sont les maîtres absolus du pays, grâce aux influences occultes qui mettent le gouvernement officiel à leur merci. Non seulement ils se livrent à la traite que l’on appelle en style pieux le « rachat des captifs », non seulement ils s’entourent de la population méprisable qui rompt avec la famille et la commune pour réussir par la flatterie et les basses pratiques, mais, chose plus grave encore, ils créent le paupérisme en s’emparant des terres communales. Habiles à profiter des embarras dans lesquels de lourds impôts font tomber les villages annamites, ils