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la science et les savants

déroulèrent. Malgré les objurgations de Virchov et de Haeckel, l’histoire continua son cours, et le socialisme fit son entrée dans le monde parallèlement au darwinisme qui pénétrait dans la science. Les deux révolutions se sont parfaitement accordées, et nombreux sont les savants qui nous ont expliqué, après coup, pourquoi il devait en être ainsi. Il ressort du moins de l’incertitude de leurs prophéties que les pédants groupés en caste intéressée ne représentent nullement la science, et que celle-ci se développe sans leur concours officiel dans les mille intelligences des hommes qui cherchent isolément, passionnés seulement pour le vrai. C’est par le renouvellement continu que se fait le progrès du savoir, et nul homme ne peut créer, nul même ne peut apprendre s’il ne cherche à s’incorporer la connaissance nouvelle en toute droiture et sincérité. C’est dans l’effort libre de chaque individu que gît tout le problème de renseignement.