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l’homme et la terre. — l’angleterre et son cortège.

sule et siégeant successivement dans les cités principales, les orateurs ont dû faire choix de la langue anglaise comme idiome de compréhension commune, car en effet Aryens et Dravidiens, Sikh, Djaïni, Bengali, Malarates, Radjpoutes, Dekkanais, Malayâli, Kalinga seraient seuls à se comprendre s’ils employaient
religions de l’inde.
1, Hindouisme. 2, Mahométisme. 3, Bouddhisme.
4, Animisme. 5, Christianisme (Catholiques 41 %, Protestants 35 %, Syriens 20 %, autres 4 %). 6, Sikh. 7, Djaïni.
8, autres religions.
leurs langages respectifs. La littérature scientifique anglaise s’enrichit chaque année d’ouvrages de médecine, d’archéologie, de critique religieuse, d’histoire, de sociologie, rédigés par des savants d’origine hindoue, et l’on sait combien, pendant le cours de la dernière génération, le néo-bouddhisme, prêché par les mahatma de l’Inde, a fait d’adeptes en Europe et dans le Nouveau Monde. D’autre part, la mort de Darwin a été, pour les bouddhistes cinghalais, l’occasion d’éclatantes manifestations de sympathie[1]. Même le rationalisme européen s’essaie, sous le nom de brahma-somadj, à simplifier, à classer, et, somme toute, à reléguer dans les choses d’autrefois, l’immense et vertigineux chaos du paganisme brahmanique.

Parmi les progrès que l’on met à l’actif du gouvernement anglais des Indes, les patriotes britanniques aiment à citer l’abolition des sati ou sacrifices des veuves sur le bûcher des époux ; toutefois, on pourrait s’étonner au contraire que, malgré la pression de l’opinion publique en Angleterre, plus respectée par les maîtres de l’Inde que l’opinion des

  1. Bordier, Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris, séance du 5 février 1885.