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et l’idéal anarchique

mains. Autrefois les souverains d’Asie connaissaient l’art de se faire adorer. On voyait de loin leurs palais ; leurs statues se dressaient partout, on lisait leurs édits, mais ils ne se montraient point. Les plus familiers de leurs sujets ne les abordaient qu’à genoux, parfois un voile s’ouvrait à demi pour les montrer comme dans un éclair et les faire disparaître soudain, laissant tout émue l’âme de ceux qui les avaient entrevus un instant. Alors le respect était assez profond pour tenir de la prostration : un muet portait aux condamnés un cordon de soie et cela suffisait pour que le fidèle adorateur se pendît aussitôt. Le sujet d’un émir, dans l’Asie centrale, devait se présenter devant son maître, la tête penchée sur l’épaule droite, une corde à son cou bien dégagé, avec un glaive