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demeures des primitifs

tainement et sont encore au nombre des habitations les plus utilisées. En diverses grottes, les concrétions calcaires qui se sont déposées sur le sol primitif ont été creusées sur une épaisseur atteignant en plusieurs endroits jusqu’à 8 mètres, et cette masse énorme de déblais se trouvait formée en entier d’une brèche d’ossements, de débris, de bois carbonisés : c’est grâce aux fragments recueillis

Photographie extraite de Sites et Monuments.

maisons taillées dans le roc à Trôo (vallée du loir)
dans ces cavernes que les archéologues ont pu deviner, puis reconstituer les âges préhistoriques[1].

Une fois installé dans sa fissure de rocher, l’homme, toujours accessible à la passion du beau, a su transformer son milieu, niveler le sol pour y reposer à son aise, le creuser

de rigoles pour l’écoulement des eaux, abattre les saillies pour ne pas se heurter contre elles, ouvrir à droite et à gauche des chambres

supplémentaires pour emmagasiner ses richesses ou loger les enfants et les amis. C’est encore le rocher qui lui fournissait les outils nécessaires à ce travail d’aménagement, ainsi que les dalles des escaliers, des couloirs et des salles. Certes, les progrès de la demeure, grâce à l’architecture en plein air, n’ont pas été de purs avantages : chaque amélioration s’achète par des inconvénients. Les troglodytes ont perdu à maints égards en quittant leurs antres pour s’installer dans les demeures artificielles exposées au soleil et au grand air. La grotte, tiède en hiver, délicieusement fraîche en été, offre certainement d’heureuses conditions d’hygiène que l’on retrouve en bien peu de maisons. Flinders Petrie, le fameux excavateur du sol égyptien, regretta souvent dans les palais d’Europe les salles du tom-

  1. Julien Fraipont, Les Cavernes et leurs Habitants.