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asie anatolienne et persane

de l’histoire des peuples devenus le plus anciennement conscients d’eux-mêmes. Les vastes contrées qui, par delà le Caucase et la mer Noire, se prolongeaient en espaces inexplorés où soufflait le vent, où tourbillonnaient les neiges, n’existaient point alors dans la connaissance des hommes écrivant des annales sur des tablettes d’argile. De même, à l’Orient, les nations d’outre-montagne restaient ignorées ; des populations barbares s’y trouvaient pratiquement isolées : la horde, la tribu ou peut-être même la nation vivaient à part, constituant des organismes distincts, autant de microcosmes, ne connaissant point et ne voulant pas connaître la parenté sourde qui les unissait.

D’après une photographie de Sven Hedin.

vue prise a vol d’oiseau du takla-makan à l’orient du pamir


Mais la région centrale de l’Ancien Monde dont l’Iran faisait partie avec l’Égypte, l’Asie Antérieure, la Potamie, l’Arabie et la Bactriane étaient déjà en rapport intime pour les échanges des idées et formaient une sorte d’unité primaire parmi la multitude des hommes qui peuplaient le monde : il faut y voir comme une sorte d’œcumène, antérieur de quelques milliers d’années à celui que forma il y a deux mille ans le monde romano-grec ; leurs représentants étaient ceux qui,