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aryens de l’iran

gées, des groupes strictement aryens réfugiés vers les hautes vallées, sur le versant occidental des Pamir, dans le Karategin, le Darvaz, le Badakchan. Combien sont-ils, ces Galtcha et Yagnaub ? Quelques milliers à peine, conservant le type, l’idiome et sinon la religion, du moins les pratiques religieuses des ancêtres, la révérence du foyer domestique. Du reste, les Galtcha ont bien conscience de la noblesse de leur race, ainsi, ils désignent comme leur ancêtre celui dont le nom résonne le plus bruyamment dans le plus grand nombre de bouches : eux, les pauvres montagnards qui se comparent volontiers aux corbeaux affamés grattant les neiges pour chercher à y picorer quelques grains, se disent issus d’Alexandre, le vainqueur de l’Asie.

Un fait des plus intéressants au point de vue anthropologique place les Galtcha, dont la figure correspond d’ailleurs à ce qui nous paraît être le type le plus parfait du beau, parmi les hommes les plus brachycéphales, c’est-à-dire qu’ils ont une tête relativement fort large, tandis que les fanatiques de l’aryanisme « germanique » aiment à considérer les têtes longues comme l’indice d’une incontestable supériorité[1].

La Perse proprement dite, à population certainement aryenne pour une ample part, mais diversement mélangée par le métissage, n’apparaît pas dans l’histoire en des siècles aussi reculés que les plaines arrosées par le Tigre et l’Euphrate ; la contrée aryenne le cède donc en apparence à la contrée sémitique par l’antiquité de la culture, mais ce ne peut être là qu’une illusion, car, par l’inclinaison même du relief, par les conditions géographiques du milieu, la Perse est antérieure, pour ainsi dire, à la Mésopotamie : il est impossible qu’elle n’ait fourni les hommes.

En effet, les marais fétides dans lesquels s’épanchaient les fleuves en crue et qui se desséchaient au soleil lors de la décrue furent d’abord complètement inhabitables ; la culture qui se fit par degrés, refoulant devant elle la brousse et le marécage, descendit graduellement des vallées persanes. Les colons suivant la pente du sol par les campagnes salubres qui bordent les torrents furent les premiers éléments ethniques des plaines basses ; à eux le mérite

  1. Vacher de Lapouge, L’Aryen, p. 26.