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l’homme et la terre. — origines

niquement les oscillations des glaces polaires, que l’on constate le mieux les efforts de l’homme pour conquérir le sol sur les glaces en régression.


hameçon en bois de renne
dont la pointe a été cassée.
Laugerie (basse Vézère).
2/5 grandeur(Coll. de Vibraye.)
D’après Rütimeyer (1875), le témoignage le plus antique du séjour de l’interglaciaire dans les Alpes proviendrait des bords du lac de Wetzikon, où il découvrit et étudia ce qu’il crut être un reste de vannerie, c’est-à-dire trois bâtonnets taillés en pointe à l’extrémité inférieure et tressés de branchilles fendues[1].

On a fait remarquer depuis que les castors, jadis nombreux dans les lacs de la Suisse, peuvent avoir été les ouvriers qui façonnèrent ces bâtonnets et que des rameaux brisés s’y entortillèrent peut-être sous l’effort de la houle venant heurter les rivages. D’autres n’ont vu dans ces « paniers » que des ramilles de pins rongées par le temps[2].

Quoiqu’il en soit, d’autres souvenirs évidents de l’homme ancien se sont montrés dans la dernière période des glaciers, aux âges où vivaient deux grands animaux éteints ou absents de la Suisse d’aujourd’hui, l’Elephas primigenius et le Cervus tarandus. Les trouvailles de Schweizersbild, près de Schaffhouse, rappellent cet ancien Groenland. Il est d’ailleurs facile de comprendre que les traces du séjour de l’homme aient disparu dans les contrées montagneuses où diverses fois les glaces descendirent des grands névés alpins ; entraînant dans leur course les roches éboulées des parois, elles les poussaient devant elles en moraines énormes qui recouvraient le sol sur des milliers de kilomètres carrés, ou labouraient profondément la terre en la parsemant de débris.


pointe en bois de renne
Avec incisure pour l’emmanchement.
Laugerie (basse Vézère).
1/3 grandeur(Coll. de Vibraye.)
Bien que les fossiles humains se conservent difficilement dans les couches superficielles des terrains et seulement en des conditions très favorables, notamment dans les grottes, sous des couches protectrices de concrétions calcaires, des explorateurs ont trouvé quelques ossements fort anciens ayant appar-

  1. Albert Heim, Gletscherkunde.
  2. Cari Schröter, Vierteljahrsschrift der naturforschenden Gesellschaft, 1876.