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navigation fluviale

d’eau sans profondeur, bientôt bus par le sable du désert et la sécheresse du vent ; les lacs peu nombreux, parsemés de bancs et de vasières, mais offrant aussi des gués aux cavaliers et aux piétons, ne pouvaient guère non plus, à ces époques lointaines, faire naître la profession de batelier. Sur le Tigre, sur l’Euphrate, au contraire, les riverains eurent toute facilité pour devenir d’habiles navigateurs. Même là où les deux fleuves glissaient dans leurs défilés avec un courant très rapide, on voyait des troncs d’arbres descendre au fil de l’eau et l’on n’avait qu’à les rattacher en radeaux pour former des véhicules au service des personnes et des denrées. En aval de la région des forêts, les peuples des rives augmentèrent la facilité de flottaison de ces radeaux en les soutenant par les dépouilles de leurs animaux, façonnées en outres.

D’après un bas-relief de Khorsabad.

radeau avec allèges

Ce dernier moyen, employé par les riverains des grands fleuves d’Assyrie et de Chaldée pour traverser les courants, nous est une preuve que, même à l’époque où le Tigre et l’Euphrate étaient bordés d’une zone de cultures, des populations de pasteurs vivaient dans le voisinage immédiat des eaux ; l’usage des outres naquit naturellement dans le pays des steppes où les arbres sont rares, où les plantes à croissance spontanée n’ont pas de fruits pouvant servir de récipients ni de