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navigation maritime

Chassisadra, Atrachasis, Noé) comme un navire de mer et lui donne un
D’après un bas-relief de Kalach
le dieu poisson
pilote, circonstance que l’on ne pourrait expliquer si les habitants de la contrée n’avaient pas connu la grande navigation et si la nécessité de tenir le gouvernail pour diriger la course d’un bateau n’avait été bien comprise : en effet, sur le Tigre ou l’Euphrate, tout bon matelot eût été un pilote suffisant, et sur une simple nappe d’inondation le navire n’aurait eu qu’à flotter. Le lâcher d’une colombe, lors de la baisse des eaux du déluge, nous montre aussi que les marins de Chaldée, de même que plus tard les Phéniciens, avaient l’habitude, lorsqu’ils se trouvaient encore en pleine mer et qu’ils se croyaient à proximité du rivage, de lancer des pigeons qui, après s’être élevés très haut dans l’air, cinglaient directement vers la côte la plus rapprochée et leur indiquaient ainsi la marche à suivre : la colombe était leur boussole[1]. D’après la légende babylonienne, le grand dieu-poisson Ea ou Oanès avait amarré à ses cornes le navire de sauvetage, espoir de l’humanité seconde, poulie remorquer vers le sommet d’un mont à travers l’immensité des eaux débordées. Le symbole a certainement une signification d’une très haute portée. Le poisson divin ne se borne pas à sauver les hommes en guidant leurs navires sur la large nappe où se déversent

  1. R. von Ihering, ouvrage cité.