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l’homme et la terre. — potamie

lations de la Mésopotamie, les élèves ayant émigré de l’archipel de Bahreïn vers les côtes de Syrie et pris pour champ d’action la plus vaste des cinq mers à eux connues, ces élèves devinrent des maîtres : des rois d’Assyrie et le conquérant Alexandre firent équiper des navires par des marins de Tyr et de Sidon[1] ; mais la marche même de la civilisation dans le bassin de la Méditerranée déplaçait forcément les centres d’activité mentale et matérielle.

D’ailleurs les documents sont là. D’après les recherches d’Oppert sur
D’après Hommel.
comment les anciens comprenaient le monde
les inscriptions assyriennes, on peut affirmer que les astronomes de la Chaldée avaient fait des observations suivies sur la lune, le soleil, les étoiles errantes, pendant un espace de temps considérable, ils avaient constaté le retour des éclipses par groupes réguliers. Ils connaissaient très bien la période de 223 lunaisons — 18 ans 11 jours —, le Saros, et en auraient observé une cent fois plus longue, 1805 ans ou 22 325 lunaisons, comme la mesure du retour normal des éclipses dans le même ordre. L’éclipsé choisie comme point initial d’un de ces cycles, spécialement mentionné, nous ramène à 13 442 années avant l’an 1900 de l’ère usuelle des chrétiens, et l’on admet que cette date correspond à une coïncidence entre une éclipse solaire et le lever de l’étoile Sirius[2].

Quoi qu’il en soit, on ne saurait douter que la science chaldéenne ait devancé les connaissances de tous les autres peuples relativement aux divisions du temps, réglées par le mouvement des astres. Le parcours moyen journalier de la lune sur la circonférence de la sphère céleste, régulièrement calculé, coïncidait exactement

  1. Friedrich Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 76.
  2. Jules Oppert, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, séance du 12 sept. 1884.