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l’homme et la terre. — potamie

des terrasses, la perspective superbe des escaliers, la majesté des portes et la hauteur des tours devaient inspirer aux gens du dehors une sainte admiration, mêlée de terreur, envers l’habitant suprême de ces palais, et cette impression était encore accrue par l’aspect grandiose et terrible des statues colossales d’hommes et d’animaux qui gardaient les entrées. Pour sculpter ces monstres formidables, les artistes assyriens avaient à leur disposition les albâtres et les basaltes des montagnes voisines, et pouvaient ainsi assurer la durée de leurs œuvres, même au milieu de l’amas immense des briques renversées par un assaut ou changées en poussière par le temps. Les peintres et les décorateurs des palais d’Assyrie possédaient aussi des couleurs très durables, des sels de plomb et de cuivre que l’on croyait être de découverte récente avant que les archéologues n’eussent fouillé le sol de Ninive.

reconstitution du palais de sargon a dur-charukin, d’apres place

Le lieu précis du centre de l’empire assyrien fut probablement indiqué par la nature à l’endroit où les grands bateaux d’aval devaient interrompre la navigation et où les radeaux apportés par le courant d’amont étaient allégés de leurs denrées et dépecés. Les inscriptions cunéiformes ont révélé l’ancienne existence d’une ville d’Achour ou Assur, située sur la rive droite du Tigre, en aval du confluent de ce fleuve avec le grand Zab. Cette ville existait sans doute à une époque