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froidure et chaleur

qu’à 5 mètres de hauteur[1] : des familles d’Eskimaux vivent au nord jusqu’au campement d’Etah (Ita), à 1 300 kilomètres du pôle, et le voyageur Peary s’est fait accompagner par elles beaucoup plus au nord, dans ses expéditions de découverte ; au sud, les représentants du genre humain sont arrêtés par la mer à une distance beaucoup moindre de l’équateur, dans la Terre de Feu, à 3 800 kilomètres du pôle antarctique.

(Musée d’Ethnographie.)

eskimau dans son kaïak

N’est-il pas évident que si, des deux côtés du globe, les îles polaires sont évitées par l’homme, la cause en est aux froidures et pourrait-on contester ici les influences décisives du milieu ? Avant que l’Homme, émancipé dans une certaine mesure par la science, eût associé ses efforts pour se libérer quelque peu de la domination du climat, aucun de ses représentants n’aurait pu pénétrer, par delà les petites enclaves des Eskimaux, en ces régions terribles du froid polaire, mieux défendues que ne l’était l’ancien paradis chaldéen. La théorie d’après laquelle l’Homme, disposant d’une force innée, serait complètement indépendant de son milieu, est en absolu désaccord avec les faits observés, et personne n’a plus le droit de répéter les paroles de Gobineau : « Il

  1. Hermann G, Simmons, Etudes botaniques de l’Expédition Sverdrup, La Géographie, 15 février 1904.