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invasion dorienne

qui avaient amené les « Hellènes » proprement dits, ou plutôt les rois conquérants et chefs de guerre, parmi les autochtones de race pélasgique. Les aristocrates aux grands yeux bleus, à la chevelure flottante et dorée, au crâne allongé, au nez droit sans dépression à la racine, ces beaux hommes souples et forts qu’aiment à représenter nos poètes et les sculpteurs, auraient été des « Hyperboréens », des immigrants du Nord, frères des Germains et des Scandinaves.

trière aphracte, galbée non pontée à trois rangées de rameurs.
bas-relief de l’acropole d’athènes


Venus à différentes époques, mais toujours en maîtres, ils se considéraient volontiers comme les Grecs par excellence, quoiqu’ils fussent peu nombreux en proportion des habitants originaires, et qu’ils fussent nécessairement condamnés à perdre leur type, si ce n’est en Albanie peut-être, pour ressembler aux hommes bruns qui constituaient le fond national. Du moins avaient-ils conservé leur langage, appartenant à la souche aryenne comme celui des populations du nord de l’Iran.

Après le grand ébranlement dû aux invasions doriennes, dites le « retour des Héraclides », l’équilibre de la Grèce continentale et du Péloponèse se trouvait complètement changé. Une « Doris » ou population dorienne pure occupait la haute partie du cirque de montagnes où naît le Céphise béotien, entre le Kallidrome et le Parnasse : c’est là, ou plus près de l’ancienne patrie thessalienne, que s’étaient établis les clans doriens qui gardèrent le mieux les mœurs originaires, cultivant eux-mêmes le sol des âpres et pauvres vallées qu’ils avaient