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l’homme et la terre. — grèce

dictée par le milieu historique, résultat de tous les milieux antérieurs, naturels et artificiels[1].

le cap sunium


Le Spartiate, livré dès l’âge de sept ans à l’Etat, c’est-à-dire à l’assemblée des guerriers, était aussitôt dressé, façonné de manière à devenir un guerrier de plus : on l’entraînait à la force et à l’adresse ; on en faisait un animal de combat, on l’exerçait à la lutte sanguinaire, même contre ses camarades ; on lui livrait dans les jours de fête la racaille méprisée du populaire, pour qu’il l’insultât et la battît : on l’excitait même à la rapine, comme il convient à un bon soldat, et l’on se gardait bien de lui apprendre à lire, de peur que l’étude lui ouvrît une perspective sur un monde inconnu, différent de celui auquel on le destinait. A peine devait-il savoir parler : son langage, interprétant une idée fixe de guerre et de domination, se bornait à l’expression précise de la volonté, sans éloquence ni poésie. On n’exaltait en lui qu’une seule vertu, celle de l’endurance, de la force, du courage, et cette vertu même devait lui servir à priver

  1. George Grote, History of Greece.