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l’homme et la terre. — îles et rivages helléniques

est vrai que Rome, savante en diplomatie, avait, dans une lettre rédigée en grec, assuré de son éternelle amitié le deuxième des Séleucides, à condition que la paix et l’indépendance d’Ilion, la patrie du « pieux Enée », l’ancêtre légendaire, fussent toujours respectées[1]. Vingt et un siècles avant les diplomates de nos jours, les politiques avisés de la république romaine avaient déjà leur « Question du Saint-Sépulcre ».

Bibliothèque Nationale.Cl. Giraudon.

médaille d’eucratide, roi de bactriane, face et revers
iie siècle av. j.-c.

Réduit à la défensive, le royaume des Seleucus et des Antiochus finit par ne plus comprendre que ses deux éléments primitifs, le noyau mésopotamien et le littoral de Syrie ; encore des révoltes se produisaient-elles sans cesse en ce domaine amoindri, et l’on vit le petit pays de la Judée tenir tête aux armées syriennes, réussir même, sous les Macchabées, à reconstituer son indépendance, en apparence du moins, car la main de Rome s’était fait sentir jusque dans cette région lointaine, si importante comme terre de transition entre le bassin de l’Euphrate et celui du Nil. La Judée, que ses montagnes et la déchirure profonde du Jourdain rendaient très propre à la défense, de même que la région du Liban et de la Cœlo-Syrie, était naturellement un enjeu disputé par les deux grandes puissances limitrophes. Sauf pendant une courte période d’invasion syrienne, elle avait été d’abord soumise aux Ptolémées, qui avaient intérêt à traiter avec de prudents égards un territoire si différent du leur ; mais lorsque Antiochus

  1. J.-P. Mahaffy, ouvrage cité, p. 203.