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oppression et aristocratie

tance dans l’histoire politique du monde, la naissance d’une république consciente[1], formée par un groupe de citoyens assez convaincus de leur valeur personnelle, assez indépendants par nature et assez habitués au respect d’autrui pour se refuser d’une part à la domination d’un maître et d’autre part pour s’accommoder de la discussion des intérêts communs en des assemblées d’égaux.

Cl. J. Picard et Cie, à Tunis

carthage — nécropole punique avec puits et mobilier funéraire
(IVe siècle av. j. c.)


Evidemment, cette révolution ne put s’accomplir sur la terre africaine que grâce à l’évolution déjà faite dans l’esprit des immigrants tyriens. L’enfant ne mûrit en lui que des germes transmis par ses aïeux. C’est ainsi que, par un phénomène analogue, les monarchies d’Europe donnèrent naissance aux républiques du Nouveau Monde.

Un sénat, dont les membres siégeaient par droit d’hérédité, dirigeait les affaires de la République et confiait l’exécution de ses volontés à deux suffètes, sortes de consuls qu’il désignait pour un temps plus ou moins long et qui restaient toujours responsables envers lui. Il nommait aussi les prêtres et les généraux en les choisissant dans le cercle étroit des familles patriciennes. Le pouvoir,

  1. R. von Ihering, Les Indo-Européens avant l’Histoire, trad. par 0. de Meuenaere, p. 260.