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immigration étrusque

avaient été en contact avec les Hittites et leur influence s’était fait sentir sur eux ; certains auteurs ne craignent même pas d’affirmer qu’il y a identité entre ces deux peuples[1]. Les Rhasena avaient abordé en Italie
D’après G. Dennis.
intérieur d’une tombe étrusque, telle qu’elle fut découverte, en 1842, près de veii
par la côte orientale, près de laquelle on trouve deux villes du même nom, également fondées par eux : l’Hadria ou Hatria du delta Padan et celle du Picenum, au sud de l’angle d’Ancône. Après s’être établis solidement sur les rivages « hadriatiques » et dans les vallées orientales des Apennins, ils franchirent la montagne par diverses brèches et se répandirent dans l’immense demi-cercle de plaines, de vallons et de massifs secondaires, monts, collines et coteaux qui, d’après eux, porte encore l’ancien nom modifié en celui de Toscane. Peut-être des migrateurs étrusques se seraient-ils dirigés vers le nord à travers la plaine du Pô qu’ils auraient franchie pour se cantonner dans une vallée des Alpes. Ce n’est, du reste, qu’une supposition, car on n’a pas trouvé une seule monnaie étrusque au delà du grand fleuve ; mais sur le versant germanique, le village de Rhäzüns, près du confluent des deux Rhins grisons, serait un témoin de la présence ou du passage des Rhasena. Cette coïncidence de noms, jointe au terme de Rhétie par lequel était désignée la région des hautes Alpes centrales, explique l’hypothèse de Mommsen donnant aux Etrusques une origine d’outre-monts : en tout cas, il est certain que les Rhétiens reçurent la civilisation des Etrusques et empruntèrent leur alphabet[2]. D’après Tite-Live, les Rhasena de la Rhétie auraient été des fugitifs rejetés en dehors de leur nation par l’invasion gauloise de l’Italie[3] ; mais peut-être aussi se serait-il accompli un mouvement partiel des émigrants contournant au nord le golfe de l’Adriatique par la région des Alpes.

  1. Cesare A. de Cara, Neuvième Congrès international des Orientalistes, 1891.
  2. A. Hedinger, Globus, 15 sept. 1900.
  3. André Lefèvre, L’Histoire, p. 153.