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cols des alpes

la nature qu’avaient observées avant eux les clans des montagnards. Si les noms des lieux et des villes mentionnés dans les annales se sont partiellement oubliés ou même ont disparu, les sentes frayées par le cheminement des hommes ont une durée plus grande : telles qu’elles furent tracées après le retrait des glaces du grand hiver, telles on les retrouve encore élargies en routes, transformées en voies de fer.

pont romain, près d’apt (vaucluse)

Descendus victorieusement du haut des Alpes occidentales dans les vallées du versant rhodanien, les Romains, débarrassés de leurs redoutables rivaux carthaginois, avaient pu imposer leur alliance à nombre de peuples des montagnes, et ces traités leur permettaient d’agrandir graduellement autour de Marseille l’étroite zone de la « Province » côtière, puis, au delà du Rhône, ils s’étaient établis solidement dans la Narbonnaise. Le long du littoral, ils n’eurent qu’à réparer les routes et les cités phéniciennes. De même que nos chemins de fer modernes sont dans presque tout leur parcours accompagnés d’un sentier latéral, de même les Tyriens et leurs successeurs grecs et carthaginois avaient doublé leur voie de cabotage du littoral de l’Hispanie et des Gaules par une route côtière ; leurs villes et leurs comptoirs étaient rattachés, des Alpes aux Pyrénées, soit par des chemins parallèles au rivage, soit par des raccourcis faciles autour des marais et des promontoires ; aux passages dangereux, la route était taillée en corniche sur le flanc des rochers. On nous dit que la voie à très grand trafic