Page:Reclus - L’Homme et la Terre, tome 2, Librairie Universelle, 1905.djvu/508

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
496
l’homme et la terre. — rome

leur marche, ils ne surent pas profiter de l’effroi des Romains, et ceux-ci eurent le temps d’apprendre à les combattre et à les vaincre comme ils l’avaient fait pour les Gaulois et les Carthaginois. Marius écrase les Teutons en Provence, dans les champs dits maintenant de Pourrières ou de la « Pourriture », puis, l’année suivante, anéantit les Cimbres dans les plaines du Pô, près de Vercelli (Verceil). La première avant-garde des envahisseurs « teutons », dont le nom est devenu celui de tous les Allemands, avait complètement disparu : c’était un peuple d’environ un demi-million d’hommes.

De nouvelles invasions de Celtes et de Germains furent la cause initiale de la conquête des Gaules par César. La pression des peuples dans le sens de l’est à l’ouest, pression qui devait un jour amener la ruine de l’empire romain, continuait de se produire, et au lieu d’attendre ces inondations d’hommes, les légions allaient désormais se porter au-devant d’elles. Les Helvètes, Celtes échappant à leur prison des Alpes pour aller dans les belles plaines des Gaules occuper des terres plus étendues, sont arrêtés tout d’abord à l’issue même du Léman, puis retardés dans leur marche sous divers prétextes et rejetés en dehors de leur route, enfin entraînés dans le pays des Eduens, alliés de Rome, et battus près de Bibracte, la forteresse naturelle du mont Beuvray, que remplaça plus tard l’opulente cité d’Autun (Augustodunum) : ils sont obligés de retourner dans leurs montagnes, ne laissant dans la Gaule que leurs alliés Boïens, accueillis en hôtes suppliants.

Bientôt après, César eut à repousser une nouvelle invasion plus formidable encore et, pour réussir, il lui fallut en même temps toute sa diplomatie et son génie militaire. Un grand chef germain, de la nation des Marcomans, avait été appelé à l’ouest du Rhin, ou plutôt s’était laissé entraîner à l’aventure par le mouvement général de migration, par la poussée qui se produisait à cette époque dans la direction de l’Occident ; lorsque César pénétra dans les Gaules, plus de cent vingt mille Suèves, Marcomans et autres Germains occupaient déjà le pays. Le prétexte invoqué par Arioviste était d’aider les Séquanes contre leurs rivaux, les Eduens. Ceux-ci, les plus puissants, formaient une confédération très solidement établie dans le massif de collines et de monts forestiers qui sépare les trois bassins de la Saône, de la Loire et de l’Yonne. Mais, comme il arrive toujours, la possession d’un domaine