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l’homme et la terre. — rome

mais les charges militaires inférieures appartenaient de fait, et probablement en vertu du suffrage, à ceux qui plaisaient aux camarades par leur prestance, leur courage, leur talent de persuasion, ou bien qui s’étaient distingués dans les guerres antérieures[1].

La validité physique étant la condition première d’une bonne
Cl. Alinari.
casque de gladiateur
défense nationale devint par cela même la raison unique du droit de vote ; les soldats seuls votaient en citoyens actifs, puisque seuls, ils pouvaient lever le bras pour sauvegarder la terre et la vie de tous. C’est précisément la conception opposée à celle qui prévaut en France et dans les autres États « démocratiques » modernes, où les soldats sont tenus systématiquement en dehors de la masse des citoyens, de peur qu’ils ne fassent cause commune avec l’un ou l’autre des partis en lutte, révolutionnaire ou césarien. Dans l’Europe moderne les soldats ne votent pas ; dans la Rome antique les citoyens votaient aussi longtemps qu’ils avaient la force et la virilité, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de soixante ans. Pour se rendre au lieu de vote, il fallait défiler en des passages très étroits où l’on se suivait un à un, de sorte qu’il était facile de reconnaître immédiatement les arrivants ; dès qu’un vieillard ayant dépassé l’âge réglementaire se

  1. Gaston Boissier, Revue des Cours et Conférences, 1897, 1898.