étaient toujours à la merci d’un soulèvement des troupes qui pouvaient élever autel contre autel, dieu contre dieu. La première succession au trône, celle de Tibère, s’accomplit régulièrement, sans intervention de l’armée ; mais, à sa mort, ce sont les soldats qui imposent un maître au Sénat et au monde.
Cl. Bonfils
Du moins, jusqu’à Néron, le choix militaire n’ose-t-il s’exercer en dehors de la famille ou de la descendance adoptive d’Auguste ; puis, l’audace croissant avec le succès, les prétoriens en viennent à mettre l’empire en vente, les enchérisseurs se ruent les uns sur les autres et, finalement, le général qui l’emporte, Vespasien, ne pouvait, comme les César et les Auguste, se glorifier de descendre des dieux. Heureusement pour lui et pour le repos du monde, cet homme sagace, prudent, économe ne se laissa point éblouir par la fortune : « C’est, dit André Lefèvre, le premier empereur romain qui ait gardé son bon sens jusqu’à la mort. Soldat lui-même, il put ramener les soldats à l’obéissance et même les accoutumer à une longue paix, fermer délibérément le temple de Janus ».