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influence du sol sur la religion

seulement d’une manière générale que, dans l’ensemble des contrées sémitiques, la splendide uniformité des espaces tranquilles, éclairés par un violent soleil, a dû contribuer pour une forte part à donner une tournure noble et grave aux conceptions des habitants ; ils ont appris à voir les choses simplement, sans y chercher de grandes complications, et leur mythologie primitive ne devait point ressembler
Cl. Bonfils.
ancien moulin a beit-djibrin
au chaos des forces divines qui s’élancent de la nature infiniment variée de l’Inde, avec ses hautes montagnes, ses grands fleuves, ses forêts immenses, ses climats exaspérés par l’abondance des pluies et la fureur des orages. Sans doute le monde surnaturel, représentation mentale de la nature qui les environnait, se montrait à l’esprit hindou en une belle et simple ordonnance, mais cette nature ne se révélait pas sous l’empire d’une force unique : même dans son auguste grandeur, elle présentait une variété infinie et devait se reproduire religieusement sous les diverses formes antérieures à l’évolution monothéiste.

A l’époque où nous les voyons apparaître pour la première fois dans l’histoire, les Juifs n’avaient pas encore échappé à la religion fétichiste, si tant est qu’il existe dans le monde une race, un peuple, un individu qui en soit complètement dégagé. La Bible nous parle des amulettes ou teraphim en bois, en terre cuite, en métal, que portaient les femmes et les filles des patriarches, et qui ressemblaient absolu-