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Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/146

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journal de la commune

travers les formes changeantes et multiples de l’histoire, l’humanité, marchant d’un progrès continu, avance vers la compréhension de plus en plus complète, vers la réalisation de plus en plus scientifique de la Solidarité, de la Triade et du Circulus.

La Solidarité, mot que l’on croit avoir été inventé par notre philosophe, de même que celui de Socialisme, résume les doctrines économiques et morales des révolutionnaires modernes ; — inutile de nous y arrêter.

La Triade, éclose dans le saint-Simonisme, réinventée par le Christianisme, renouvelée des Grecs qui l’avaient eux-mêmes trouvée chez les Hindous ou ailleurs, nous semble juste au fond, comme toute doctrine qu’on retrouve en tout lieu et en tout temps. — C’est une des formes les plus simples de notre esprit, une des catégories primordiales de notre entendement. — Sommes-nous autorisés à en conclure que c’est la loi primordiale de toute intelligence et de toute vie ? — La triade est la formule scientifique de la politique. C’est l’art d’associer dans chaque atelier les savants, les artistes et les industriels, et d’unir harmonieusement les ateliers dans les communes, les communes dans l’État et les divers États du globe dans la République Universelle. Dès 1827, Pierre Leroux créa cette formule dans une brillante étude intitulée : De l’Union européenne — L’Union européenne, c’était alors dans la monarchie restaurée un autre nom pour la République Universelle.

« Quant au Circulus », nous disait sur la tombe de Pierre Leroux, M. Auguste Desmoulins, son gendre, et peut-être son disciple le plus fidèle, le Circulus est la science de la Nature, c’est la forme cherchée par les économistes. C’est le moyen de bannir à jamais de la terre la misère et tous les fléaux qu’elle entraîne.

Pour les non initiés, il est bon d’expliquer que la doctrine du Circulus enseigne que la Matière est éternelle et ne subit aucune déperdition dans ses transformations diverses. Par cela seul qu’un homme a mangé à sa suffisance, il pourra toujours manger à sa suffisance. — Car un tas de blé redeviendra un même tas de blé, après avoir été pendant quelque temps un tas de matière fécale ou de fumier. Par cela seul qu’un homme existe, il peut toujours se suffire. Malthus affirme que la quantité de subsis-