Page:Reclus - La Commune de Paris au jour le jour.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
journal de la commune



qu’elle est impuissante à nous donner… Et l’ordre et la liberté, Messieurs, c’est nous… (Interruption).

M. de Belcastel. — Oui, Messieurs, l’ordre et la liberté, c’est nous qui, du fond des campagnes, venons les apporter à la grande ville.

Savez-vous pourquoi c’est nous qui lui apportons ces deux magnifiques choses qu’elle n’a plus ?

Savez-vous pourquoi nous portons avec nous l’ordre et la liberté ? C’est parce que, au fond de nos campagnes, nous avons gardé la foi de nos pères et que Paris, libre-penseur ou distrait, n’y songe guère ou n’y croit plus !

Une voix à gauche. — C’est exagéré !

M. de Belcastel. — Ce que j’affirme. Messieurs, c’est qu’en perdant la tradition des choses divines, on perd avec elles l’intelligence des vérités sociales ! Et je l’affirme en même temps, si la France tout entière veut revenir à l’ordre et à la liberté, elle doit revenir à la foi religieuse, et elle y reviendra !

17 avril.

Ils ont voté !

Troupeau que la peur mène paître
Entre le sacristain et le garde champêtre,
Vous qui, pleins de terreur, voyez, pour vous manger
Pour manger vos maisons, vos bois, votre verger,
Vos meules de luzerne et vos pommes à cidre,
S’ouvrir tous les matins les mâchoires d’une hydre ;
Braves gens, qui croyez en vos foins, et mettez
De la religion dans vos propriétés ;
Âmes que l’argent touche et que l’or fait dévotes ;
Maires narquois, traînant vos paysans aux votes ;
Marguilliers au regard vitreux, curés camus
Hurlant à vos lutrins : Dœmonem laudamus ;
Sots, qui vous courroucez comme flambe une bûche ;
Marchands dont la balance incorrecte trébuche ;
Vieux bonshommes crochus, hiboux, hommes d’État,
Qui déclarez, devant la fraude et l’attentat,
La tribune fatale et la presse funeste ;
Fats, qui, tout effrayés de l’esprit, cette peste,
Criez, quoiqu’à l’abri de la contagion ;
Voltairiens, viveurs, fervente légion,
Saints gaillards qui jetez dans la même gamelle
Dieu, l’orgie et la messe, et prenez pêle-mêle