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journal de la commune

Thirifocq, les maçons vont être forcés de devenir soldats. Il faut qu’ils aillent en face des hordes de Versailles, planter la bannière franc-maçonnique, décidés à la défendre à coups de fusil si une seule balle troue la laine bleue du drapeau ! »

L’émotion était grande. L’Assemblée, prête à se séparer s’est ralliée au cri de : « À l’Hôtel-de-Ville ! »

Alors les frères revêtus de leurs insignes, les bannières déployées, se sont dirigés vers la Commune.

La séance finissait à l’Hôtel-de-Ville, les membres encore présents, ignorant ce qui se passait, descendent pour recevoir la manifestation ; parmi eux, le citoyen Vallès qui prononça quelques paroles ; les drapeaux fraternisent ; un membre de la Commune saisissant la bannière maçonnique en entoura la hampe de son écharpe rouge.

Le citoyen Lefrançais, vénérable de sa loge et membre de la Commune, a pris la parole et le citoyen Thirifocq lui répond. Dans une improvisation ardente, il rend compte avec les accents d’un vrai patriotisme des décisions prises et termine par la déclaration que la Maçonnerie entière est prête à marcher aux côtés de la Révolution, à la défendre et à la sauver.

Puis, tous les maçons saluent la Commune par une triple batterie : au nom de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité, « cette devise sacrée que leurs adeptes ont livrée au monde lorsqu’il y a 60 ans, ils travaillaient à la Révolution et en assuraient le triomphe. »

— « Frères, marchons ! Notre drapeau est engagé, défendons-le ! Que notre gorge soit coupée, nos entrailles jetées au vent plutôt que de le laisser déshonorer ! Notre glaive n’est plus un symbole, notre serment n’est pas un secret. Le cri de détresse est poussé. Souvenons-nous ! Que ceux de nous qui n’étaient pas encore entrés dans la lutte prennent les armes. Tous les maçons sont solidaires. À notre appel, à notre exemple, nos frères de province, nos frères du monde entier vont se lever. »

« Le franc-maçon, le jésuite sont aux prises. Étouffons, les armes à la main ces associations lugubres et perfides qui tuent la Société, qui tuent la France, qui veulent tuer la Révolution. Notre haine date de loin. L’heure de l’assouvir est sonnée. À nous, frères, la victoire et la régénération ! »